Guide de réflexion pour la création d'un cinéma haïtien
Pourquoi le manifeste HAOLLYWOOD 2104 (pour toi) ?
Soulevons la question suivante : quel est l’élément cinématographique haïtien ? Elle est nécessaire et même vitale, si nous voulons ou devons créer un cinéma haïtien. C’est en même temps se demander pourquoi en créer un. Il y en a de ceux qui prétendent son existence.
Ce cinéma haïtien serait-il : récréatif, ludique, historique, révolutionnaire, nationaliste, commercial, expressif ? Une douce complainte, ooui le Blues dans le domaine de la musique l’a conservée. Educatif, transitif, politique, psychologique, artistique, ou tout simplement de l’industrie au même titre économique qu’une autre industrie ?
Pour ma part je réclame une esthétique dès le départ car le commerce organisé nous mènerait sans détour vers l’industrie.
Cependant, il n’y a pas de mal en soi si le cinéma
haïtien n’existe pas encore. Mai 1955, Georges Sadoul nous dit : << le cinéma espagnol actuel est politiquement faux, socialement
faux, intellectuellement infime, esthétiquement nul, industriellement
rachitique >> (P. 348 – Histoire du Cinéma mondial).
Disons ceci afin de ne pas rater le départ. Ce
n’est donc pas un drame pour les Haïtiens, que se rendre à l’évidence, créons-le
!
Un deuxième aspect important. La société haïtienne
large est-elle intéressée à se voir ou à voir son portrait à travers ce
puissant médium qu’est le cinéma ? D’ailleurs, si ce cinéma était psychologique,
que verrions-nous ou, que produirions-nous : sadisme, masochisme, émotif,
angélisme ? Ce serait la censure comme
prétexte ou l’auto censure ?
Ensuite, quelle image irions-nous chercher pour gagner
nos lettres de noblesse : la misère des autres, le succès des autres, un
autre plus faible sur lequel nous ferions lumière ? Par exemple, le bouddhisme
dans le vaudou : quelle image, quelle conséquence ? Si nous démarrons
aujourd’hui, qui serons-nous, quinze ans plus tard ? Regardez l’Association des
Cinéastes 2004-2006, puis… ! Pensons-y
sérieusement alors.
L’ESTHETIQUE.
Jean Mitry nous dit en 1990, dans Esthétique et
Psychologie du Cinéma : << …nous
avons posé le cinéma comme art. C’était peut-être confondre le moyen avec la
fin et considérer le but qu’il se propose d’atteindre comme devant l’être
nécessaire >>.
C’est en ce sens que je crois devoir aboutir à un
manifeste sur la création d’un cinéma haïtien avant tout. De mon côté, je crois
qu’il faille définir une esthétique propre si les éléments existent. Nous devons en outre définir nos ambitions
aussi puisqu’un individu en soi ne s’est détaché dans un cadre identitaire.
Haïti à mon avis, a besoin de se développer en
passant par le cinéma, non parce que cette industrie lui serait favorable
seulement, mais du fait que l’Haïtien en soi couve des éléments esthétiques qui
se révèleront rapidement comme atout, par le cinéma. C’est de là le besoin de
définir l’esthétique collective qui nous rassemble.
La démarche ne doit en conséquence, conduire vers
une esthétique par le cinéma mais, régler cette question pour le cinéma. D’ailleurs,
quel sera le poids des écrivains haïtiens dans le cinéma, quand notre
littérature commence à peser lourd à travers le monde. C'est-à-dire, l’émergence ou la confirmation d’un auteur, par exemple
l’écriture de Dany Laferrière rassemblera-t-elle ?
Nous savons à l’heure qu’il est, que la peinture ni
même le théâtre ne nous ont amené le cinéma. Il s’avère que la musique par
exemple, le phénomène Psirico au Brésil, et l’insertion d’un folklore régional
haïtien dans un conservatoire universitaire de musique aux USA, démontre un
certain intérêt pour la chose haïtienne, ce que par exemple l’Association des Cinéastes
haïtiens depuis 2002-2004 n’a tenu compte ou minimalement, au niveau des
documentaires limités. Certains membres de cette association n’y croient plus
d’ailleurs à ce rêve collectif abandonné. Il faut en débattre.
L’IMAGE.
Quel est le sens d’un cul de vache dans notre caméra et quelle traduction dans l’écriture
(littérature orale et écrite), donc
dans le langage ? Ainsi, dans la pensée, l’image entrainerait-elle une
renaissance haïtienne et alors, serait-elle : réaliste, merveilleux,
naïve, surréaliste ?
Jean Milty soulève dans Esthétique et Psychologie du
Cinéma, la roue d’Abel Gance (France)
Valeur durée images, par rapport à l’école soviétique (Idée-image) Page 162.
Jean Mitry soulève encore en page 33, la question de
Henri Angel : << le langage du
film est-il spécifique ou n’est-il qu’une séduisante totalisation de procédés
tirés des autres moyens d’expression >>. Ce qui me pousse à me
demander si l’imaginaire haïtien ou la pensée haïtienne nourrit une certaine
écriture idéographique, et pourquoi le prétendant
résume le scénario à l’oralité. Si l’orange symbolise le langage (x), alors la
succession d’image de l’orange en accéléré à l’infini, ferait en soi un film
haïtien. De là, le problème de la sensualité assise sur une sexualité qui frise
la pornographie chez les vidéastes haïtiens. Il faudra y penser.
LA PENSEE.
Quel impact avec les horreurs de la guerre, quand
nous sommes soit hyper émotif, soit hyper religieux, soit hyper nationaliste
ou, hyper duvaliérisé. Par exemple,
quelle serait la valeur (x1) d’un film de guerre haïtien ? Si le cinéma devrait
symboliser un axe de développement économique, serions-nous documentaristes,
historiques ou fictifs ? Alors, fictifs, quelle conséquence car les Américains
le font eux pour leur hégémonie. Les Français pour soutenir une influence du
passé perdu. Qui financerait, qui consommerait ?
Considérons sérieusement Cuba v/s Etats-Unis, et
nous comprendrons.
Quand Ronald Bergam nous dit dans le Spécialiste Cinéma,
en P. 66, L’issue Gênante du Vietnam : <<
toute fois, Hollywood ne peut éternellement ignorer un sujet aussi important.
En 1978 sortent deux films, Voyage au bout de l’enfer de Michel Cimino et Le
Retour de Hal Hoshby. Ils montrent les cicatrices et les fêlures laissées par
cette guerre chez ses vétérans et les…. >>. Je me demande si le
cinéma Haollywood pourra nier la nécessité de bien discerner enfin le besoin de
résoudre définitivement la pensée du génie du Code noir, c'est-à-dire démontrer
la liberté de faire son procès.
LA REVOLTE.
Des icônes. L’image du campesino latino américain, Du Vietcong
ou du Sandiniste. D’ailleurs l’image
du CHE est restée au stade et, symbolise encore le martyr malgré la révolution
cubaine. Il n’y a pas eu de transition vers le succès. La conversion cubaine se
fera attendre longtemps encore à ce rythme là. Nous avons pourtant fait une
grande révolution et l’image Toussaint-Dessalines est forte dans le contexte de
l’humanité
LE DEGOUT.
Sommes-nous adeptes
de l’anti duvaliérisme de peur de nous déplacer vers l’occupation américaine
ou, de l’absence de procès du génie du Code noir, après plus de deux cents ans
d’histoire ? Que dirait notre cinéma de
nous-mêmes ?
LE SUCCES.
Pourquoi aimons-nous tant l’image hollywoodienne ?
Pourquoi l’Amérique
latine a consommé Hollywood alors qu’elle avait ses ambitions ?
POLITIQUE.
Le cinéma haïtien sera-t-il politique, soit dans ses
objectifs ou dans le choix de son traitement ? Verrait-on un réalisme, un monde
dilatoire et évasif ou, macabre à la manière de Duvalier ?
LE JOURNALISME.
L’affaire ne sera pas simple. D’ailleurs, combien de
nos journalistes sont spécialisés dans le cinéma ou dans la couverture d’évènements
sur le cinéma. Plus, international. Alors, comment le cinéma Haollywood verrait
lui-même le journalisme haïtien ?
LA CAMERA.
La caméra haïtienne sera-t-elle mobile ou statique ?
C'est-à-dire, ira-t-on chercher l’image ou viendra-t-elle vers l’objectif ? Les
psychologues expliqueront mieux que moi l’effet de cette relation sur l’observateur
devant l’écran.
LOCALISATION.
Finalement, où baser la production d’un cinéma haïtien :
à l’étranger ou en Haïti ? C’est à dire, pour la technologie, pour les
ressources humaines, pour la fierté ?
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